Bordeaux : les cinémas entre 1907 et 1919
Les premières projections cinématographiques se concentrent dans le centre historique, en particulier le long du cours de l’Intendance et la rue Judaïque, comme c’est le cas du Cinéma national Pathé qui ouvre ses portes en octobre 1908 (5, cours de l’Intendance). On en trouve également dans des quartiers plus périphériques et sur la rive droite mais elles restent des cas isolés. Ces premiers spectacles se tiennent en majorité dans des établissements culturels familiers du cinématographe depuis 1896. Enfin, il est un phénomène tout à fait intéressant qui se manifeste dans l’espace urbain bordelais dès le début des années 1900 : l’implantation précoce du spectacle cinématographique sur les boulevards extérieurs de la ville, soit une zone « tampon » entre Bordeaux et les communes limitrophes, haut-lieu d’échanges et de circulation (barrières d’octroi, lignes de tramway) à l’extrême périphérie de la ville. En dehors de cette zone, le secteur est résidentiel avec des équipements publics ou culturels (music-hall, casino, etc.).
Il faut attendre le début des années 1910 pour que le spectacle cinématographique se propage à l’ensemble de la ville et plus seulement dans le centre historique. Désormais, les quartiers périphériques, plus mixtes et prolétaires, deviennent des espaces de prédilection pour l’installation de nouvelles salles et lieux de projection. En outre, la salle de cinéma comme espace exclusivement dédié au spectacle d’images animées s’impose au cours de cette période. Il est à noter qu’à Bordeaux la « montée en puissance » de nouvelles salles reste contrebalancé par l’attractivité des établissements culturels (théâtre de variétés, music-hall, etc.) pour la diffusion du cinéma.
La Première Guerre mondiale apparaît paradoxalement comme une période de stabilisation, voire pour certains cas de contraction, du parc cinématographique à Bordeaux. La majorité des nouvelles salles qui ouvrent pendant ces années-là se concentre dans la moitié sud de la ville. Par ailleurs, deux autres tendances à l’œuvre dès la première moitié des années 1910 se confirme au cours de la guerre : la fixation prépondérante du spectacle cinématographique dans les quartiers périphériques et l’affirmation de la rive gauche comme zone de prédilection du cinéma.